"la gangrène" de la violence dans le sport

La secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade a réagi dimanche 20 septembre à l'agression subie jeudi à Belgrade par un supporter toulousain en marge de la rencontre d'Europa league entre le Partizan et le TFC. Elle s'est déclarée "très vivement choquée", dénonçant la "gangrène" de la violence dans le sport.

"Je suis très vivement choquée par l'agression inadmissible et d'une violence extrême dont a fait l'objet un groupe de supporters français (...) par une vingtaine de hooligans. La sauvagerie de cet acte barbare et gratuit, commis à l'aide de battes de base-ball et de chaînes de vélo, est totalement inacceptable", dit Mme Yade.

"La violence aveugle et brutale à l'occasion de manifestations sportives est une véritable gangrène. Elle n'a pas sa place dans le jeu et ceux qui la pratiquent doivent être chassés des stades et du monde sportif", poursuit-elle, en appelant de ses voeux "une réflexion au niveau européen entre les clubs, les associations de supporters et les pouvoirs publics".

LES CLUBS DOIVENT S'IMPLIQUER

Après le drame de Belgrade, Rama Yade, secrétaire d'Etat chargée des sports, a appelé de ses vœux une réflexion accrue sur le thème de la violence autour du sport et du football en particulier. "A l'échelle européenne, nous avions lancé, avec mon homologue serbe (…), l'idée d'une conférence sur la violence dans les stades. Cela devient urgent", martèle-elle. A l'évidence, la réponse doit être européenne et passer par une mutualisation des politiques et des moyens de lutte contre les violences liées au sport. En novembre 2007, au terme d'une conférence de deux jours à Bruxelles, Michel Platini, président de l'UEFA, et Franco Frattini, vice-président de la Commission européenne, décidaient la mise en place d'un nouveau plan d'action contre la violence dans le sport visant notamment à combattre le hooliganisme dans le football. Selon Michel Platini, "le seul moyen de connaître la réussite est de former un partenariat entre l'Union européenne, ses Etats membres, ses forces de police et l'UEFA".

Malheureusement, à ce jour, cette déclaration d'intention est restée sans suite. Le récent regain de violence conduira peut-être les responsables politiques et institutionnels locaux, nationaux et européens à se saisir ensemble du problème dans sa globalité. Le respect de l'ordre public est sans conteste une solution, mais la prévention et l'éducation sont des actions complémentaires indispensables à mener par tous les acteurs concernés. Si la solution britannique de politique tarifaire élevée semble aller à l'encontre de l'essence populaire du football, l'aspect économique ne doit pas pour autant être négligé.

Au-delà de la politique d'amende déjà pratiquée, les clubs devraient, eux aussi, s'impliquer, au moins moralement, aux côtés de leurs supporters. Des actions de sensibilisation, d'éveil à la citoyenneté, pourraient être imaginées… Ce sont les clubs qui "profitent" du sport, de ses vertus, de ses messages. A eux de ne pas accepter l'inacceptable. A eux d'encadrer les spectateurs les plus virulents et de prévenir ceux qui pourraient être conduits à s'exposer à des risques. Dans un secteur aussi médiatisé que le football, la valeur économique d'un club tient également à l'image que renvoient ses spectateurs.